La création d’un jeu vidéo est une tâche complexe. Les studios de développement et les éditeurs travaillent ensemble, tout corps de métier confondu, afin de produire le meilleur jeu possible, dans le respect des contraintes de temps et de budget. Le but final du produit étant de divertir les joueurs, l’attention portée à la cible, ses intérêts et ses besoins, est maximale.
La production d’un jeu vidéo médical ne déroge pas à cette règle. Aussi, l’aspect médical, selon le joueur cible, ajoute une complexité supplémentaire. En effet, de par la nature même de la pathologie ciblée, nous devons parfois reconsidérer certaines émotions ou expériences que nous souhaitons ajouter au jeu, car non-adaptées, voire non-recommandées.
En tant que game designer, nous devons concevoir les règles et l’univers du jeu en le rendant le plus interactif possible. Mais dans le cadre d’un jeu médical, nous devons garder en tête que nos joueurs sont avant tout des patients, à qui nous devons apporter un soutien ou une solution.
Avant de débuter la production, une « core team » est consituée. Cette équipe a pour objectif de démarrer le projet en réunissant toutes les informations nécessaires pour ensuite proposer des orientations, des idées, sur lesquelles la production pourra se baser.
Pour commencer, la core team sélectionne des pathologies ayant une cible suffisamment large pour être utile à un nombre conséquent d’utilisateur, mais répondant également à un besoin du côté des médecins.
La core team étudie ensuite les différentes pathologies sélectionnées et leurs conséquences sur la santé des patients. Cette étape est clé afin de déterminer précisément les besoins des patients et des médecins, et donc, les éléments clés du jeu, comme par exemple, le choix des tests médicaux.
Alors que l’étude de la cible de la pathologie (patients donc) en les considérant comme des joueurs nous donne plutôt des infos sur le type de jeu, l’ux, le type d’onboarding, le ton global de l’app etc…
Cette équipe aura ensuite la charge d’étudier les applications similaires, déjà sur le marché.
Dans le milieu médical particulièrement, il est essentiel d’être accompagné par des partenaires de renoms, afin d’assurer une crédibilité et de faciliter le déploiement du projet. La core team devra alors trouver des partenaires et être force de proposition.
Pour la production d’un jeu médical, la cible est déterminée selon la pathologie et ses symptômes, l’âge des patients, leur appétence à la technologie etc. Une étude approfondie de la cible permet de déterminer le profil joueur, et donc, de définir le type de jeu à développer et déterminer l’incidence de ce dernier sur le parcours de soin du patient.
Des rencontres avec les personnels soignants, des experts, les associations, et les patients eux même permettent de comprendre les différents problèmes et d’adapter le flow de l’application, le nombre de sessions de jeu, la durée des sessions, la difficulté mais aussi de définir un gameplay qui plaira au plus grand nombre.
Prenons par exemple OdySight, notre premier jeu médical. Il s’agit d’un jeu mobile gratuit recommandé pour accompagner la surveillance rapprochée des patients atteints de maladies chroniques de la rétine (DMLA, œdème maculaire, rétinopathie diabétique etc…). Le patient peut se connecter, effectuer des tests médicaux pour surveiller sa vision et s’amuser en suivant l’histoire d’Iris à travers plusieurs mondes grâce à des puzzles. Le médecin peut, quant à lui, surveiller les résultats de ses patients à distance et programmer un rendez-vous en cas de baisse significative de vision.
Le joueur type d’OdySight a généralement plus de 60 ans, n’est pas familier avec la technologie et a une faible vision. Notre challenge a donc été de proposer un gameplay et une UX simple, prenant en compte les contraintes directement liées aux pathologies cibles (taille minimum des éléments, typographie, colorimétrie etc.), tout en guidant au mieux les utilisateurs.